Christophe DUBOIS-DAMIEN s’est
engagé, parmi les pionniers en France en 1996, dans ce domaine qualifié
« Intelligence économique ». Entre- t’on en intelligence économique
comme on entre en religion ? Peut-être un peu.
Cet engagement à cette date doit
être replacé dans l’histoire et la géographie du concept d’Intelligence
économique dans notre pays.
L'intelligence Economique n'est pas une science nouvelle.
Venise a été la
première à la pratiquer.
Elle utilisait un réseau de succursales, de comptoirs. Les informations
qui venaient de ses comptoirs par le moyen, non pas d’Internet à l’époque, mais
des capitaines de vaisseaux, étaient centralisées au palais des Doges place
Saint Marc.
Une fois analysée, l’information était redistribuée à chacun des
capitaines de bateaux, qui la rapportaient là où c'était nécessaire.
Travail en réseau, travail en commun, utilisation des techniques de
communication, tous les ingrédients de l'Intelligence économique étaient déjà à
l’époque à Venise.
Après les Vénitiens, il y a eu les Britanniques.
Les Anglais sont
arrivés à un tel niveau de pratique qu'ils n'ont pas besoin de l’impulsion de
l'État. L'intelligence économique est pratiquée spontanément par les
entreprises dans le cadre de clubs ou d'associations.
Quant aux Américains ils excellent.
Ils ont découvert l'Intelligence économique vers le milieu des années
80 grâce à Michael Porter, professeur en stratégie d'entreprise à Harvard. Il a
été le premier à formuler le concept en s'appuyant sur deux constats :
- Le marché n'étant plus national mais mondial, il faut intégrer cette
dimension dans la stratégie de l'entreprise.
- La maîtrise de l'ensemble des informations requises implique
l'utilisation de moyens techniques performants de recueil et d'analyse.
L'idée était lancée et L'intelligence économique s'est implantée
progressivement aux États-Unis dans les entreprises comme dans
l'administration.
Les Américains ont écouté les prophètes et su encourager les pionniers.Lorsque les américains comprennent, acceptent et approuvent un système,
ils vont excessivement vite dans sa mise en œuvre.
En dix ans, l'Amérique a su comprendre ce concept, se l'approprier et
le redéployer.
Depuis 1995,
l 'Amérique fonctionne dans tous domaines et
particulièrement pour les contrats internationaux avec l'appui des services de
l'État, et en particulier les services secrets et les Affaires étrangères, les
Universités, les territoires et les entreprises
Cette mise en place a connu un point d'orgue sous le mandat du
président Clinton, par la création de l’advocacy center, qui permet de
mobiliser toutes les administrations sur la cinquantaine de contrats considérés
comme essentiels pour les américains. À ce stade le partenariat public privé
devient total.
Les Japonais. Les Russes, après avoir pratiqué
l'espionnage et l'espionnage industriel se sont réorientés incontestablement
vers l'Intelligence économique.
En Europe, l’Allemagne, et la Suède ont une certaine avance dans ce
domaine.
Bref, on se rend donc compte que tous les grands pays du monde
d’aujourd'hui sont en train de se mobiliser et de développer ce concept et même
des pays au développement plus récent comme l’Inde, la Chine ou
l’Afrique du Sud.
Et en France ?
En 1987, Robert
GUILLAUMEAU, revenant des États-Unis a été le premier à communiquer sur le
sujet. Mais il n'a pas été entendu.
1994 voit la publication du rapport Martre qui constitue la première
initiative française en matière d’Intelligence économique.
Il a été relié deux ans plus tard par la commission présidée par
Bernard ESAMBERT, qui a tenté la mise en application du concept de niveau de
l'État et des entreprises. Malheureusement cet effort n'a pas été suivi
d’effet. Seuls les universitaires et les chercheurs ont continué à travailler sur
le sujet.
C'est en 2002 qu'enfin un Premier ministre a décidé qu'il fallait agir
face à la perte de différents contrats à l'étranger, que l'on croyait acquis,
et face à la prise de contrôle de sociétés françaises stratégiques.
- Juin 2003 publication du député Bernard CARAYON intitulé
« Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale ».
- 31 décembre 2003, nomination d’Alain JUILLET en tant que Haut
responsable chargé de l’Intelligence économique au sein d’une mission
interministérielle. Définition de cinq régions pilotes puis neuf.
- Septembre 2004 lancement d’un programme national de sécurité
économique.
- Octobre 2004 création d’une délégation générale de l’Intelligence
économique au sein du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie,
dirigée par François ASSELINEAU.
L’Intelligence économique devient une vraie politique d’Etat.
Mais quid des entreprises ?
En fait durant
une longue période, l'initiative du débat revenait aux associations, aux
auteurs et aux universitaires.
Il faut attendre 2004 pour que l'entreprise sorte de son scepticisme et
prononce enfin son propre discours et livre sa vision des choses.
Le 31 mars 2004, à Paris, IDEE convoque la presse économique pour
présenter au public son « Manifeste pour la promotion de l'intelligence
économique d'entreprise ».
On mesure ici le chemin parcouru lorsque l'on sait que IDEE est
présidée par Robert GUILLAUMEAU, précité, considéré comme le« père »
de la matière. IDEE succède au Cercle d’intelligence économique du Medef Paris.
Son prédécesseur, comme président de IDEE, ex Cercle d’intelligence
économique du Medef Paris, n’est autre que Louis HAUSER, ancien président du
Medef Clichy, Levallois, Neuilly.
Christophe DUBOIS-DAMIEN pense avoir apporté sa pierre à l’édifice.
En effet, déjà consultant spécialisé sur le sujet, il avait présenté
une conférence sur le sujet le 7 octobre 1998 à l’Uniclen Medef Clichy,
Levallois, Neuilly. Puis il avait proposé à Louis HAUSER d'un atelier sur ce thème.
Louis HAUSER, dès janvier1999
lui a donc confié la création et l’animation d’un cercle de réflexion, qui fut l’un des tous premiers cercles d’Intelligence économique en France.
Ensuite Louis HAUSER et Christophe DUBOIS-DAMIEN
ont fondé le Cercle d’Intelligence économique du Medef Paris. Ils ont fait appel à Bernard BESSON,
Christian HARBULOT, Philippe CLERC, André ADDED, Thibault du MANOIRE de JUAYE,
Eric de FONTGALLAND. (Ces propos sont issus d'un article rédigé par CDD en 2003.)
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